Ski alpin: obsèques de Régine Cavagnoud

Les scènes de joie, qui avaient marqué son retour victorieux des Championnats du monde de St-Anton, ont fait place à la tristesse et aux larmes dans cette commune de plus de 2000 habitants, où, selon les mots du maire, Claude Comte, l'énergie de la skieuse, conseillère municipale depuis mars, «inspirait la jeunesse, le monde du ski et du sport».

Lundi après-midi, le portrait qui ornait la façade de la maison du tourisme, où elle rayonnait, sourire aux lèvres, croquant sa médaille, était placé à la droite de la croix surplombant l'autel. Le globe de cristal et la médaille avaient été déposés devant son cercueil. A l'intérieur de l'église, les 600 places étaient occupées par la famille, ses parents Simone et François, sa soeur Valérie, les amis, la communauté du ski français, les champions, nouveaux et anciens, Florence Masnada, Jean-Luc Crétier ou Luc Alphand, ainsi que les officiels: la ministre des Sports, Marie- George Buffet, et le président du Comité olympique et sportif français (CNOSF), Henri Sérandour.

A l'extérieur, malgré le froid vif et le temps gris, 2000 personnes ont suivi, sur la place du village, la cérémonie de 14h00 à 15h15, grâce à un écran géant et à la sonorisation. Dans son homélie, le curé de La Clusaz et du Grand Bornand, Michel Baud, assisté par six autres prêtres, a tenu à rendre hommage à la championne de haut-niveau, ouverte et simple, triomphant à 31 ans et dont «le parcours a exigé des renoncements, des efforts, des luttes».

Une lettre de «Reg», écrite à ses parents alors qu'elle avait 14 ans, en janvier 1984, et lue par un proche, a souligné le caractère intraitable et déterminée de cette «Cluse», née à Thônes, non loin de là. «Je suis différente des autres filles, car j'ai un caractère très dur», affirmait-elle, lançant à son père: «Ton caractère est celui d'un père de famille, le mien celui d'un sportif de haut niveau».

«Une passion vraie»

Le président de la Fédération française de ski, Bernard Chevallier, a également parlé de cette «passion pour le ski», une «passion vraie, sans fioritures, sans détours». Mme Buffet a souligné, avec regrets, que «plus que tout c'est une médaille olympique que Régine voulait ramener à ses proches, à ceux qui la soutenaient, à la France». «Orphelin de Régine, le sport français est donc triste et désemparé. Il l'est d'autant plus qu'outre une championne, il perd une amie», a-t-elle ajouté.

A la sortie de la cérémonie, la famille s'est dirigée vers le cimetière pour enterrer Régine Cavagnoud dans une stricte intimité, loin des nombreux photographes et cameramen. Derrière le fourgon mortuaire, deux membres de l'Equipe de France, Mélanie Suchet et Carole Montillet, portaient les trophées. Dans la foule, Luc Alphand a parlé d'un moment «dur, lourd». «On est là pour vivre une vraie belle passion, on en oublie les risques», a-t-il dit avant de penser aux «sept autres filles de l'Equipe de France». «Le mieux c'est regagner pour elle, de porter le flambeau».

(kil/sda)